Paris à travers le regard de Brassai

Marie-Laure de Noailles et Léonor Fini | Brassai

Vicky Papaeftymiou
Vicky Papaefthymiou

La Municipalité de Paris a organisé cette année à l’Hôtel de Ville une série d’expositions de photos consacrées à la ville Lumières. C’est ainsi qu’ont eu lieu, avec grand succès, des rétrospectives de grands photographes tels que Doisneau, Izis, Willy Ronis. Le tour est actuellement à un artiste polyvalent d’origine hongroise : Brassai. Né en 1899 à Brasso, en Transylvanie, Gyulus Halasz surnommé Brassai (de Brasso) arrive à Paris pour la première fois à l’âge de 4 ans avec sa mère pour rejoindre son père, professeur de littérature à la Sorbonne.

Il y passe une année sabbatique extraordinaire qui va le marquer pour le reste de son existence. Il rentre en Hongrie puis se rend à Berlin avant de s’installer définitivement à Paris qui le fascine. Particulièrement doué, il devient journaliste, écrivain (il écrit 17 livres), cinéaste (il reçoit le prix à Cannes pour son film ‘’Tant qu’il y aura des Bêtes”, dessinateur, peintre, sculpteur et bien sûr… photographe.

À Paris, il fréquente les milieux artistiques et intellectuels qui font la renommée des Années Folles et qui l’initient au Surréalisme.

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Souvent en compagnie de Henry Miller, Léon-Paul Fargue et Jacques Prévert, il flâne dans les rues de la capitale de jour comme de nuit pour explorer les places, les jardins publics, les rues, les quartiers malfamés, mais aussi les beaux quartiers, voire les salons de mode. Son objectif : transformer la réalité en décor irréel, en détachant les scènes de la vie quotidienne et les objets banals de leur contexte. Il les isole et les juxtapose de façon insolite, surprenante, unique. En même temps, il manifeste un intérêt particulier pour les graffitis qui tourne à l’obsession. Il focalise surtout sur la lumière nocturne de la ville.

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Il s’intéresse au Paris inconnu ou méconnu, voire méprisé, à un Paris à la fois étrange et fascinant. Il immortalise les prostituées ou les travailleurs de nuit aux Halles, il capte le passage fugitif de silhouettes obscures, les reflets de lumière dans l’eau, les brumes sur la Seine. Il donne des dimensions métaphysiques aux bâtiments de la ville et notamment aux gargouilles de Notre-Dame et adore jouer avec la lumière nocturne et les ombres pour présenter un Paris différent, inimaginable. Il porte un regard poétique, souvent mystérieux sur tout ce qui le touché. Il scrute les ruelles et les impasses sombres pour découvrir une grille, un arbre, un chien, les filtre et les présente comme si c’étaient des œuvres d’art.

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Mais s’il est particulièrement attiré par le Paris de nuit, il n’est pas moins sensible au Paris de jour. Il photographie le Jardin du Luxembourg, les promeneurs, les petits artisans- glacier, marchand de ballons, photographe ambulant, jardinier-, les berges de la Seine, les amoureux, les pêcheurs à la ligne, les clochards. Il saisit l’esprit de chaque quartier : les passants élégants des quartiers chic, les flâneurs des grands boulevards, la foule qui bouge dans les rues de la ville.

Il se lie d’amitié avec Picasso qui, appréciant son talent, lui demande de photographier son œuvre sculptée pour la revue d’art “Le Minotaure”. Ils se découvrent, ont des goûts communs : les Folies Bergères, les fêtes foraines, le cirque. Même passion pour les formes féminines, la beauté du corps humain, le sens de l’équilibre, même goût pour l’insolite.

Il photographie ses contemporains (artistes et écrivains) tels que Dali, Picasso, Matisse, Giacometti, Jean Genet, Henri Michaux.

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Brassai connaît une grande renommée internationale et reçoit plusieurs distinctions. Il décède en 1984 à Nice. Il est enterré au cimetière de Montparnasse, à Paris, sa ville favorite.

Exposition en cours jusqu’au 8 mars 2014