Par Georges Karouzakis
J’ai regardé récemment le film “Appelle-moi par ton nom” du metteur en scène italien Luca Guadagnino. Ce film présente d’une façon extraordinaire la relation amoureuse et sexuelle entre deux hommes, un garçon de 17 ans, Elio (Timothée Chalamet) et un jeune universitaire de 24 ans, Oliver (Armie Hammer). Le film est basé sur le livre homonyme qu’a publié en 2007 l’écrivain américain André Aciman.
Ce film est d’une qualité exceptionnelle, il présente avec une sensibilité remarquable l’amour profond entre deux hommes. Quelle est l’originalité de cette approche ? L’auteur montre – avec un langage cinématographique léger, subtil et précis – les intonations les plus cachées de l’âme amoureuse. Le regard du réalisateur italien (ainsi que du scénariste James Ivory) a libéré le film de tous les préjugés et les malentendus, encore présents aujourd’hui dans une grande partie de la société dès que l’on évoque l’amour entre des personnes du même sexe.
Les moments rares
Les mains des héros qui se touchent imperceptiblement, les échanges de regards spontanés, la résurrection et l’intensité des émotions qui émergent à l’écran… toute l’intériorité des héros est en harmonie parfaite avec le paysage estival, le bruissement des feuilles sur les arbres de la maison de campagne dans laquelle ils séjournent, le bruit de l’eau dans le jardin, le chant des cigales dans le calme de la chaleur du midi, la beauté de la nature d’été dans le nord de l’Italie.
Une de mes amies, plus âgée que moi d’une génération et avec laquelle j’ai regardé le film, m’a dit lors de la projection du film :
– » Tu vois… on ne peut pas diriger le sentiment amoureux et le désir quand on les sent avec une telle puissance et une telle clarté. Ils viennent sans effort, de façon inattendue, des profondeurs de l’âme jusqu’à la surface. Tous ces moments sont rares, presque sacrés à l’existence humaine« .
– « … Sacrés ? » me suis-je demandé. « Mais de quelle façon ? » ai-je ajouté.
– » La sacré apparaît lorsque l’existence humaine s’élève… pour sa mission la plus grande, la plus douce et sacrée dans le monde : l’union profonde avec l’être aimé « . C’était le moment où tout ce que je regardais à l’écran était totalement coordonné avec les mots que j’écoutais.
Je me suis alors dit : dans nos sociétés actuelles, ressentir une telle haine pour les désirs humains les plus profonds, pour ce sentiment sacré, ne parait pas absurde, et cela sous prétexte que ces sentiments et ces émotions sont partagées par des personnes du même sexe. Malheureusement, penser cela semble naïf dans le monde qu’est le nôtre. Un monde où l’amour et l’union sexuelle entre deux personnes du même sexe créent encore de la haine, de la discrimination, des abus de toute sorte voire le meurtre le plus brutal, et ceci dans de nombreux pays du monde, détruisant ainsi la vie de milliers de personnes.
De combien de siècles ou d’années avons-nous encore besoin pour surmonter cette haine de l’humain ?