Les monstres sacrés à Athènes

Vicky Papaeftymiou
Vicky Papaefthymiou

En cette fin d’année 2013, Sylvie Guillem et Akram Khan présentent un spectacle magique de danse contemporaine au public athénien sur la scène de «Megaron». La chorégraphie «Sacred Monsters» créée en 2006 par Akram Khan (un des grands danseurs et chorégraphes britanniques de notre époque), à la demande de Sylvie Guillem (la danseuse étoile dont la liste de récompenses et distinctions est longue), permet aux deux danseurs exceptionnels de déployer leur talent dans tout son éclat.

Un spectacle saisissant dans un décor circulaire, simple mais raffiné et élégant dans sa sobriété. Couleur dominante: le blanc, ombragé de reflets gris formés par le jeu de lumière des projecteurs. Décor et éclairage mettent en relief l’harmonie et la beauté des silhouettes filiformes, aériennes des danseurs.

D’excellents musiciens et des chanteurs performants (une femme et un homme) assis de côté et d’autre de la scène encadrent les artistes. La chanteuse a un rôle plus actif puisqu’elle se lève, parfois suit de près Sylvie, la libère des chaînes qui entravent ses mouvements au début du spectacle, devient par moments son ombre.

La musique exotique d’Inde (due à l’influence exercée sur Αkram de son pays d’origine: le Bangladesh) se mêle harmonieusement, doucement à des sonorités de musique occidentale pour emplir la salle créant une ambiance de paix et de sérénité incitant à l’évasion dans des univers de mystère et de séduction.

sacredmonsterspage

Rencontre sur scène de deux monstres sacrés de la danse contemporaine dans un échange incessant d’ expériences, d’idées, un partage de souvenirs et d’influences, un dialogue entre les deux tantôt sous forme de répliques entre comédiens, tantôt sous forme de rencontre des corps qui s’approchent, s’entrelacent, s’ébattent, se séparent pour se retrouver un peu plus tard. Un jeu expérimental entre artistes mais aussi le jeu éternel entre l’homme et la femme, entre le mâle et la femelle. Une danse érotique où les bras s’unissent dans des mouvements ondulés, rythmés parfaitement harmonieux, puis se séparent, expriment la colère et la violence par des gestes saccadés, robotisés, dirait-on.

La formation classique de haut niveau de Sylvie Guillem se révèle à tout instant; un corps gracieux mais en même temps parfaitement discipliné, complètement maîtrisé qui bouge, sautille, tourbillonne, se repose allongé sur les planches. Ses longues jambes dans son large pantalon noir ressemblent à des ailes de papillon gigantesque lorsqu’elles sont écartées. Le corps musclé débordant de vitalité d’Akram Khan, sa force physique et spirituelle mais aussi la douceur des mouvements et la passion qui l’anime révèlent l’influence du Kathak indien.

Un spectacle plein d’énergie, impeccable à tout point de vue qui malgré sa courte durée (70m) a ,à juste titre, suscité l’enthousiasme des spectateurs et un torrent de longs applaudissements.