Par Yorgos Karouzakis
Ce n’était qu’une question de quelques heures pour que les analystes de sang-froid fassent leur apparition sur les réseaux sociaux et des sites du Web. Ce sont ceux qui dépassent, très facilement, les traces de sang frais des civils innocents qui ont été tués ou blessés aux attaques terroristes dans la capitale française, afin d’interpréter, d’un air de détachement glacial, les événements tragiques.
Des réactions similaires face à des attaques terroristes, ne sont ni nouvelles ni originales. C’est exactement la même chose qui est arrivée lors les attentats meurtriers à New-York le 11 septembre 2001. Ces jours-là, il a été acceptable, sinon impératif dans certains milieux, de considérer les corps enflammés qui tombaient des bâtiments du World Trade Center comme des points gris sur l’écran de la télé, peine minimale, punition méritée, infligée à la superpuissance des États-Unis pour ses crimes.
Ce qui est effrayant dans cette réaction c’est qu’elle n’est pas seulement liée au cynisme, à l’indifférence et à l’absence de conscience de l’état d’une personne – elle respire, a de la peau, des yeux, se promène dans la ville – affectée par l’acte terroriste qui meurt violemment. La personne enflammée se jetant dans le vide du haut d’un gratte-ciel sous forme d’un point gris sur l’écran de la télé, la jeune fille de seize ans qui est allée au concert du Bataclan et a été tuée, ce ne sont pas des représentants des forces impérialistes dont les assassinats pourraient être compensés par un assassinat brutal à une autre partie du monde.
Si l’on accepte cette logique, on pénètre, automatiquement, dans la zone conservatrice et non-radicale de la haine. On se cache derrière le masque d’une idéologie, de cette hyper arme sacrée de la logique meurtrière des terroristes. Malheureusement, certains estiment qu’à travers cette arme paranoïaque peuvent être justifiés moralement, et dans leur propre conscience myope, l’effusion de sang et le meurtre de personnes innocentes.