Elli Paspala chante des chansons des pays méditerranéens à Nauplie

Elli Paspala

Vicky Papaefthymiou
Vicky Papaefthymiou

Elli Paspala et The Underground Youth Orchestra nous invitent, en plein été, à un voyage musical à travers les mélodies et sons des pays de l’Europe du Sud. La collaboration bien réussie de cette grande interprète de la chanson avec l’orchestre de jeunes musiciens l’ année dernière, se poursuit cet été. Leur premier concert aura lieu le samedi 19 juillet à 21h30, dans la cour de “Fougaro” à Nauplie,  avec vue sur la forteresse de Palamidi (98, rue Asklipiou, en face de la Caserne ΚΕΜΧ, à la sortie de la ville,en direction d’ Epidaure).

Parmi les chansons qui vont être interprétées par Elli Paspala, la très belle Canzone de Mal di Luna composée par N.Piovani pour le film des frères Taviani “Chaos”, l’ hymne à l’amour insouciant Summertime in Prague de Panagiotis Kalantzopoulos pour le film “Cigarettes bon marché” de Rénos Charalambidis, plusieurs compositions de Manos Hadtzidakis et d’autres grands créateurs-compositeurs. Au concert, participent aussi de jeunes chanteurs comme Nana Perraki, Apostolis Kitsos et Constantina Kordouli. L’orchestration et la direction de l’orchestre sont dues au directeur artistique, chef d’orchestre et fondateur de l’orchestre Costa Iliadis.

A cette occasion Elli Paspala a donné une interview pour le magazine sur le web “A Place for the Arts”.Tout au long de votre parcours artistique vous avez collaboré avec des musiciens et des compositeurs très célèbres, à savoir Manos Hantzidakis, Mikis Théodorakis, Nicola Piovani.

Quelle est la sensation que vous avez maintenant que vous collaborez avec un orchestre de très jeunes musiciens?

J’en suis enthousiasmée. Cet amour pour la musique des adolescents est ce même amour que nous avons ressenti nous-mêmes quand nous étions très jeunes et que nous avions choisi de nous occuper de la musique. Je revis, grâce à eux,ce que j’ai vécu lorsque j’ai décidé de m’occuper de la musique. Ils éprouvent un grand enthousiasme et un grand amour pour la musique. Il y a une excellente relation entre eux mais aussi avec Costas Iliadis, le chef d’orchestre et les deux-trois musiciens adultes. J’éprouve une immense joie et considère être privilégiée de participer à ce concert. D’ailleurs, trois de mes élèves vont y chanter. C’est un très beau sentiment que de voir des adolescents avec lesquels on a travaillé faire partie d’un orchestre et chanter.Je ressens de la satisfaction de voir mes élèves se présenter devant un public,indépendants,chanter de très belles chansons accompagnés d’un superbe orchestre.

– Le répertoire du concert est composé de chansons des pays méditerranéens. Quelle est la particularité de cette musique? Y a-t-il une caractéristique commune qui relie la musique de ces pays?

Je crois que c’est le lyrisme. La mer joue également un rôle significatif dans la musique de ces pays aussi bien en tant que thématique qu’en tant que sensation. Dans ce lyrisme, il y a une rare immédiateté. Ce lyrisme authentique, on peut bien entendu le retrouver dans la musique des pays de l’Europe du Nord, mais là,  on le rencontre surtout dans la musique tzigane. Un élément commun dans la musique des pays de l’Europe du Sud, c’est, je dirais, une sensation d’élévation et de passion.

– Certaines des chansons que vous allez interpréter à Nauplie – la Canzone Arrabbiata de Nino Rota et la Canzone del Mal di Luna de Nicola Piovani- vous les aviez déjà comprises à votre album  “Au clair de la Lune”. Pendant toutes ces années, qu’est-ce qui a changé dans votre façon d’aborder la musique?

Il est évident qu’en grandissant on acquiert de l’expérience qui marque notre psychologie. Par conséquent, la façon d’aborder la musique change. Toute l’expérience acquise marque la façon de s’exprimer. Si rien n’avait changé,  ce serait bizarre, un peu maladif je dirais. On est des êtres humains, on évolue. Au fil du temps, une interprétation peut devenir plus authentique, peut avoir des dimensions différentes. C’est un peu comme les couleurs en peinture. Je sens que ma façon d’aborder la musique et les chansons aujourd’hui,est un peu plus simple car c’est ça dont j’ai besoin plus généralement dans ma vie. Quand on est jeune, on est plus arrogant et croit tout savoir. Avec l’âge, je m’aperçois que je ne sais pas tout. Et je trouve cela désarmant. Par conséquent, je ne “charge”  pas la musique de choses superflues, je la laisse s’écouler plus librement sans lui imposer des éléments inutile

ΕΛΛΗ ΠΑΣΠΑΛΑ ΜΟΥΣΙΚΗ 1 (4)

J’aime bien que les chansons que je choisis de chanter me touchent. Je veux m’y identifier et que s’en dégage de la poésie. Je veux qu’elles soient simples. J’aime bien sentir que chaque chanson révèle quelque chose de nouveau. A moi-même avant tout. Mais plus généralement, je veux bien qu’elle révèle quelque chose relativement à la musique, au monde, à l’homme, l’amour, la haine, n’importe quoi. J’aime bien que ce soit authentique, poétique, quelque chose qui m’exprime spirituellement.

– Cette année vous avez rendu hommage à une très grande musicienne canadienne, Joni Mitchell. Y a-t-il d’autres personnalités dans le monde de la musique que vous admirez?

Joni Mitchell est canadienne mais vit depuis plusieurs années aux Etats-Unis. Le Canada semble être le prolongement des Etats-Unis aussi bien au point de vue géographique qu’à celui politique et social. Le mode de vie au Canada ressemble à celui aux Etats-Unis. Pourtant, c’est un pays, par comparaison aux Etats-Unis, où il n’y a pas de tensions. Il est intéressant qu’un pays aussi pacifique et paisible, du moins en apparence, ait vu naître d’aussi importants “faiseurs de chansons” tels que Joni Mitcell, Léonard Cohen, Neil Young, K.d.Lang laquelle j’adore et que je considère comme une excellente chanteuse contemporaine. Je pense même donner un concert pour rendre hommage aux musiciens canadiens. C’est incroyable que tellement de musiciens importants soient issus de ce pays.Ils sont tous formidable.

– Vous êtes née et avez grandi à New York. Qu’est-ce qui vous a fait venir en Grèce? Pourquoi avez-vous décidé de vivre ici? En faisant le bilan de votre vie, ça valait la peine?

Comment est-ce que je pourrais donner une réponse négative à cette question?Je ne sais pas ce que la vie m’aurait réservé si j’étais restée en Amérique. Je ne peux pas imaginer comment serait ma vie. Figurez-vous, si j’avais le sentiment que mon retour en Grèce était une erreur, ce serait une vie ratée. J’ai été élevée dans une famille où mes parents nous ont insufflé – à mes deux frères et moi-même- un grand amour pour la Grèce. Mes frères sont nés en Grèce, moi, en Amérique. Mais j’ai toujours eu la nostalgie du retour. Ce sentiment était très profondément enraciné en moi. On sentait tous qu’on appartenait à la Grèce

– Comment vos parents se sont-ils trouvés en Amérique ?

Ils ont émigré. Ils ont quitté Thessalonique avec mes frères parce qu’on avait des proches à New York et à Chicago. Mes parents ont choisi de vivre à New York. Mais au départ, ils n’ont pas eu de chance puisque le parent qui avait promis du travail à mon père est mort. Ainsi, mon père s’est-il retrouvé sans emploi les six premiers mois de son séjour aux Etats-Unis. Figurez-vous la difficulté. Et alors que mes parents pensaient rentrer en Grèce cela ne s’est fait que des années plus tard.

– Quels sont les plus intenses souvenirs du New York de votre jeunesse ?

Difficile à dire. J’y ai vécu jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans. C’est toute une vie. J’en garde beaucoup de souvenirs pleins d’émotion. Je me rappelle mon maître de musique à l’école primaire, il était formidable. Il m’a beaucoup encouragée et cet encouragement a joué un rôle déterminant dans ma décision de devenir musicienne.De même le soutien que j’ai eu de la part de mes parents et de mes amis. Je me souviens toujours des odeurs à la maison lorsque ma mère préparait les gâteaux de Noel. Ma mère cousait et elle cousait très bien. Elle avait l’habitude de déployer les tissus sur la table. Mon père avait une très belle voix. J’ai fait mes études secondaires à un lycée musical. L’expérience a été étonnante. Je me rappelle aussi la première fois que j’aie écouté un orchestre symphonique, j’avais treize ans. C’était une expérience unique. Je me rappelle maintenant toutes les fois que mon petit ami et moi “séchions le cours” à New York pour aller faire un tour dans le parc ou visiter des musées. J’adorais aller au cinéma seule. En Amérique, il y a des séances de cinéma en matinée. J’adorais aller au cinéma seule alors que la salle était presque vide. J’en raffolais.