Au cœur de l’été, c’est le temps des cinémas découverts, véritables oasis de fraîcheur, plaisir des yeux et de l’ âme ; c’est le temps de voir (et de revoir) des films de qualité, des chefs d’oeuvres des décennies passées avec des stars inoubliables du 7e Art du XXe siècle. C’est donc à cette occasion que j’ai pensé présenter un couple dont on a beaucoup parlé dans les années ’70 : Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni.

Le couple d’or du cinéma européen, Catherine Deneuve, une des grandes Dames du cinéma français et Marcello Mastroianni, le “Latin Lover”, le monstre sacré du cinéma italien, un des couples les plus enviés, les plus admirés pour leur beauté, leur grâce, leur rayonnement et leur talent. Leur première rencontre eut lieu en automne ’70, à Londres, chez Roman Polanski lors d’un dîner. A 19 ans, Catherine avait déjà à son actif une liaison de deux ans avec Roger Vadim, son mentor et un fils de lui: Christian. Et aussi, un mariage avec le photographe britannique David Bailey qui prit fin par un divorce à l’ amiable. Ce mariage raté fut déterminant pour elle puisque, désormais, elle se positionne contre le mariage.

Marcello, de son côté, était marié avec une comédienne de théâtre: Flora Carabella dont il ne divorcera jamais malgré leur séparation en 1970. Ils eurent une fille en 1951: Barbara (costumière réputée). Après leur première rencontre chez Polanski, l’ année suivante, ils se retrouvent sur le plateau pour tourner ensemble un film dramatique sous la direction de Nadine Trintignant “Ca n’arrive qu’aux autres” basé sur un événement réel. Au cours du tournage, ils tombent amoureux. Une liaison qui va durer 5 ans et qui va donner naissance à une fille Chiara, en 1972. Parallèlement, une longue carrière brillante commence pour tous les deux.

Bien qu’ils aient à leur actif une riche filmographie, ils n’ont fait que 5 films ensemble: “Ca n’ arrive qu’aux autres” en 1971, “Liza” en 1972 de Marco Ferreri, “L’événement le plus important depuis que l’ Homme a marché sur la lune” en 1973 de Jacques Demy, “Touche pas à la femme blanche” en 1974 de Marco Ferreri et “Les cent et une nuits” en 1995 d’ Agnès Varda (grande amie de Catherine). Leur relation prend fin et Catherine va vivre d’autres amours ainsi que Marcello. Pourtant ils restent amis jusqu’à la mort de Mastroianni le 19 décembre 1996,à Paris, d’un cancer du pancréas. Malgré l’image de jeune fille à l’ air “bien élevée” et “soumise”, en réalité Catherine est une fille dynamique et indépendante puisqu’elle quitte la maison paternelle pour vivre avec Vadim à l’ âge de 17 ans.

Le film qui l’a lancée et lui a valu la Palme d’Or à Cannes, c’était “Les Parapluies de Cherbourg” de Jacques Demy, en 1964. Suit une très riche production de films, des prix, des distinctions de toute sorte. Elle tourne sous la direction des plus grands réalisateurs européens: Demy, Vadim, Nadine Trintignant, Agnès Varda, Bunuel, Truffaut (avec qui elle eut une relation amoureuse, Lelouch, Marco Ferreri, Alain Corneau…

Yves Saint-Laurent et Catherine Deneuve

Muse de Yves Saint-Laurent, elle fut élue par le magazine “Empire” comme l’une des 100 stars les plus sexys de l’histoire du cinéma. Elégante, rayonnante Catherine Deneuve est indubitablement une des plus grandes actrices du cinéma (elle n’ a jamais fait de théâtre à cause de son trac devant le public) et elle fut choisie comme modèle pour le buste de Marianne, symbole de la République Française.

Deneuve incarne l’idéal féminin: belle, blonde, fine, diaphane, fragile, séduisante, à la fois légère et profonde mais aussi distante et froide. Elle n’accepte pas tous ces qualificatifs qui lui ont été attribués et sa fille Chiara, lors d’une interview accordée à Jason Solomons pour The Observer du 8 avril 2012 affirme que sa mère n’ a rien à voir avec cette image.

C’est une femme qui aime la vie, la bonne chère, sortir avec des amis, elle apprécie la bonne compagnie, le bon vin, a de l’humour, adore rire et s’amuser et … c’est une grosse fumeuse (!!!).

Féministe fervente, elle se positionne en faveur des Droits des femmes et l’avortement, contre la peine de mort, pour les dissidents cubains. Elle a soutenu les otages français en Irak, a encouragé les donations pour lutter contre la douleur dans le monde, a soutenu les sans-papiers et encouragé la désobéissance civile.

Marcello Mastroianni et Federico Fellini

Quant à Marcello, considéré comme un des plus importants représentants de la comédie italienne, a joué dans la plupart de ses films aux côtés de Sophia Loren. Dans sa jeunesse, il s’est opposé à sa famille à cause du fascisme et persécuté par les Allemands il s’est caché pendant un certain temps à Venise. Il fut découvert par Luchino Visconti qui lui confia un rôle dans une pièce de théâtre : “Un tramway nommé Désir”. Mais sa brillante carrière commence avec La Dolce Vita de Fellini qui lui vaut La Palme d’ Or à Cannes. Chiara avoua qu’à cause de ce film audacieux, des Catholiques fanatiques lui avaient lancé des tomates …

Chiara avait deux ans au moment où ses parents se sont séparés et avoue, lors de cette même interview, ne les avoir jamais vus ensemble ou s’embrasser que dans les films. Tout comme pour sa mère, l’ image du Latin Lover de son père ne correspondait pas tout à fait à la réalité. Dans la vie réelle il était moins audacieux et cette image de la masculinité italienne, il a souvent cherché à l’ éviter lors des interviews publiques. Chiara préférait passer son temps avec son père “parce que c’était plus amusant”. Quand elle a décidé de suivre les pas de ses parents et de devenir actrice, sa mère n’était pas d’ accord. Elle aurait préféré qu’elle fasse des études d’archéologie. Par contre, son père l’a encouragée et après une expérience de 200 films à son actif, il lui a donné un conseil se résumant en deux phrases: “Tu dois être aussi naturelle que possible quand tu parles et quand tu marches, ne regarde pas tes pieds…”.

La dolce Vita

Marcello Mastroianni eut la chance de tourner sous la direction des plus grands metteurs en scène italiens et étrangers tels que Fellini, Visconti, les frères Taviani, Mauro Bolognini, Jules Dassin, Louis Malle, Roman Polanski, Théo Angélopoulos. Il fut deux fois prisé à Cannes pour son interprétation dans La Dolce Vita et Les Yeux Noirs (film dans lequel il a joué avec sa fille Chiara). Il fut plusieurs fois nommé pour l’Oscar mais il ne lui fut jamais décerné. Εn revanche, il eut une longue liste de distinctions et de prix en Italie et à l’étranger. A l’annonce de sa mort, les eaux de la fontaine de Trevi – cadre emblématique d’une scène importante dans La Dolce Vita – furent arrêtées en signe de deuil et par respect à son immense talent, à sa grande personnalité et en reconnaissance pour sa grande contribution au cinéma italien. Depuis 1998, à la Biennale de Venise, un prix “Marcello Mastroianni” est décerné à un jeune acteur ou actrice. Il a fait deux films avec sa fille “Les Yeux Noirs” dont il a été question ci-dessus et “Trois vies et une seule mort”.

Catherine a joué avec Chiara dans: “Persepolis” de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (2007), “Un conte de Noel” de Arnaud Desplechin (2008), “Les Bien-Aimés” de Christophe Honoré (2012). Catherine vit tranquillement à Paris, fait toujours du cinéma et est une heureuse grand-mère de 4 petits-enfants (deux pour chacun de ses deux enfants ). Et bien sûr, elle est toujours belle et rayonnante dans sa maturité.

POUR INFORMATION : quelques films – étapes dans la carrière de ces deux très grands artistes

Catherine Deneuve

Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy)
Répulsion (Roman Polanski)
Belle de Jour (Luis Buñuel)
Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy)
La sirène de Mississipi (François Truffaut)
Le dernier Métro (François Truffaut)
Indochine (Régis Wargnier)

Marcello Mastroianni

La Dolce Vita (Federico Fellini)
Huit et demi (Federico Fellini)
La Notte (Michelangelo Antonioni)
Divorce à l’Italienne (Pietro Germi)
Mariage à l’Italienne (Vittorio De Sica)
La Cité des Femmes (Federico Fellini)
Le Voleur d’enfants (Christian de Chalonge)
Les Yeux Noirs (Nikita Mikhalkov)

L’Apiculteur (Théo Angelopoulos)
Le pas suspendu de la cigogne (Théo Angelopoulos)